Principaux investigateurs : A. Jaquet, M. Seydi
Années : 2018-2020
Bailleurs : NIMH
Les lymphomes non hodgkiniens (LNH) sont l’une des tumeurs malignes les plus fréquentes en Afrique de l’Ouest. Bien que les facteurs étiologiques des LNH restent largement méconnus, plusieurs agents infectieux tels que l’infection à VIH ont été associés à ces cancers. Il existe de plus en plus de preuves que l’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) puisse être liée aux LNH, mais le nombre d’études épidémiologiques bien conduites reste encore limité, notamment dans des zones de haute endémicité pour le VHB tels que l’Afrique sub-Saharienne. Dans de nombreux cas, les LNH peuvent être efficacement traités avec des chimiothérapies standard, actuellement disponibles dans de nombreux pays d’Afrique. Cependant, nous disposons de peu d’informations sur l’accès réel à ces traitements en Afrique de l’Ouest et leur impact en termes de rémission et de survie, particulièrement dans le contexte de l’infection à VIH Objectif principal : Explorer l’association entre le VHB, l’infection par le VIH et les LNH en Afrique de l’Ouest Objectifs secondaires :
- Caractériser l’accès à la chimiothérapie pour les LNH dans différents contextes de soins en Afrique de l’Ouest et selon l’infection à VIH
- Évaluer le suivi et la survie des patients ayant un diagnostic de LNH et accédant à un traitement et explorer leurs déterminants
Méthode : L’étude cas-témoins est conduite dans les hôpitaux de référence d’Abidjan (Côte d’Ivoire), de Dakar (Sénégal). Les unités de soins qui gèrent actuellement les tumeurs malignes hématopoïétiques au sein de ces hôpitaux de référence seront sollicitées pour participer au recrutement de cas de LNH. Cas : Tous les patients adultes (≥18 ans), hospitalisés ou vus en ambulatoire à l’Unité d’Hématologie Clinique du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) de Dakar, pour lesquels un diagnostic de LNH sera suspecté seront pré- inclus. Les cas suspects seront ensuite confirmés par un examen histologique sur biopsie ganglionnaire et/ou extra-ganglionnaire, complété par un examen immuno-histochimique (IHC). Le diagnostic histologique sera effectué d’abord localement (service d’anatomo- pathologie de l’Hôpital Général de Grand-Yoff). A l’issue de cette première lecture, si le diagnostic de LNH est évoqué par les pathologistes, les échantillons de tissus inclus dans des blocs de paraffine seront envoyés par chaque centre participant et centralisés dans un laboratoire référent situé en France pour un deuxième diagnostic histologique complété par une analyse IHC (CERBA, Paris). Les cas de LNH seront ensuite classés selon la troisième édition de la Classification internationale des maladies pour l’oncologie (CIM-O-3) édité par l’OMS. Le laboratoire d’anatomo-pathologie désigné pour chaque site participant sera chargé de centraliser les blocs à envoyer au laboratoire chargé de réaliser les examens d’IHC. Le laboratoire de chacun des pays sera également chargé de réceptionner et conserver les blocs une fois l’examen IHC effectué en France. Témoins : Un groupe témoin de patients adultes (≥18 ans), non suspect de présenter des tumeurs malignes hématopoïétiques sera constitué. Ils seront recrutés dans les mêmes hôpitaux de référence selon les critères suivants : Les participants témoins (deux témoins par cas) seront recrutés dans les mêmes hôpitaux de référence au sein d’unités non dédiées au cancer ou aux maladies infectieuses : unités de chirurgie orthopédique, unité d’endocrinologie et diabétologie, unité de cardiologie, unité de neurologie. Ces témoins seront appariés aux cas selon l’âge (± 2 ans), le sexe et le centre de référence. Une étude de cohorte sera ensuite menée parmi les cas de LNH ayant eu accès à un traitement par chimiothérapie. Ces cas seront suivis pendant une période de 12 mois.
Résultats attendus :
- En termes de prévention : Le fardeau de l’infection par le VHB est particulièrement élevé en Afrique de l’Ouest. Une meilleure compréhension de l’association entre l’infection à VHB et les LNH en Afrique de l’Ouest est une priorité étant donné que ce facteur est accessible à des stratégies de prévention (dépistage/vaccination) et de traitement.
- Sur le plan diagnostique : Les LNH sont des tumeurs malignes complexes et hétérogènes dont le diagnostic précis est actuellement rendu difficilement accessible en Afrique du fait de son coût et de l’expertise technique nécessaire. Par conséquent, de nombreux cas présumés de lymphomes ne bénéficient pas d’une évaluation complète, limitant ainsi notre capacité à décrire clairement les différents types de LNH. En fournissant une évaluation complète du diagnostic de LNH, ce projet de recherche permettra de mieux caractériser et décrire la distribution des différents types de LNH en Afrique de l’Ouest.
- Sur le plan thérapeutique : Notre approche permettra de décrire la diversité des régimes de soins dans le cadre d’un diagnostic de LNH, dans divers contextes en Afrique de l’Ouest et d’identifier les écarts entre le nombre de cas de LNH diagnostiqué et leur accès effectif aux chimiothérapies.